En 1920, une école particulière apparaît dans le paysage universitaire du XXe siècle : l’École de préparation des professeurs de français à l’étranger (EPPFE). Nous sommes au quartier latin, et le 46 rue Saint-Jacques, à l'angle de la Sorbonne, accueille ses premiers étudiants. Ferdinand Brunot, qui avait dès 1894 expérimenté les cours d’été à l’Alliance française de Paris, crée la première école de formation de professeurs de français pour l’étranger. Le département DFLE de la Sorbonne Nouvelle, directement issu de cette école, a hérité de ses archives. Grâce au projet CollEx-Persée Cliodifle (2020-2022), les archives de l’école sont en voie de numérisation et sont désormais accessibles dans la bibliothèque numérique (cliquez ici pour y accéder).
Dès l’origine, le projet de Brunot consistait à ouvrir, dans un paysage académique lui-même en construction, une formation qualifiante qu'il ancre dans la Faculté des Lettres de Paris. Inscrite dans cette tradition académique, l’école offre aussi une ouverture à l’altérité, car elle s’adresse aussi bien aux étudiants internationaux qu’aux étudiants nationaux.
Créée après le choc de la Première Guerre mondiale, L’EPPFE se situe au cœur d’une dynamique internationale retravaillée tout au long du XXe siècle. Entre 1945 et 1963, elle devient l'École supérieure de préparation et de perfectionnement des professeurs de français à l’étranger (ESPPPFE) ; de 1963 à 1971, l'Institut des Professeurs de Français à l’Étranger (IPFE) ; de 1971 à 1985, l'UER d’Études Françaises pour l’Étranger de Paris III ; en 1985, l'UFR de Didactique du Français Langue Étrangère (DFLE), enfin, depuis 2011, le Département de Didactique de DFLE de la Sorbonne nouvelle.
Les archives font apparaître la volonté constante des acteurs de toutes ces périodes de constituer un vaste réseau international, tissé aussi bien par les élèves que par des relations inter-institutionnelles de plus en plus fines. Par les générations d’enseignant.e.s qu’elle a formé.e.s, depuis plus de 100 ans, l’école a largement contribué à la diffusion de l’enseignement du français et, par là même, au développement des francophonies. Dans le cadre des grandes reconfigurations politiques du XXe siècle (Seconde Guerre mondiale, décolonisation, post-colonisation, création de l’Union européenne, etc.), elle s’est adaptée aux dynamiques qui ont modifié le statut du français et son implication politique (langue coloniale, langue officielle, langue seconde, langue de scolarisation, etc.).
L’exploration des archives de l’école renforce l’idée d’une forte continuité méthodologique et pédagogique en FLE et éclaire la profondeur historique de ce champ. La mise à disposition de la bibliothèque numérique Cliodifle, avec ses 1214 documents va permettre à la communauté FLE d’avoir, pour la première fois, directement accès à des archives inédites.
Le colloque de décembre 2022 est l’occasion de présenter les résultats du projet CollEx-Persée/Cliodifle dont il constitue la clôture, mais aussi de présenter les nombreuses perspectives de développement.